La firme au losange est-elle en train de devenir une marque de SUV? Avec le Rafale, le constructeur français compte désormais sept modèles de ce type dans sa gamme et plus aucune berline. Ceux qui veulent taxer ces véhicules sont prévenus: l’évolution de l’offre de Renault est une illustration de l’évolution du marché.
Pas prévu initialement dans le plan Renaulution de Luca de Meo, ce septième SUV vient coiffer la gamme. Difficile d’en être autrement lorsque l’on porte le nom de l’avion de chasse du groupe Dassault*, emblème de l’excellence française. Baptiser son navire amiral Rafale impose de convoquer l’histoire. Renault était devenu propriétaire du nom en rachetant, au début des années 1930, la firme d’avions Caudron, en difficulté.
Du dernier Espace dont il partage la plateforme CMF-CD de l’ex-Alliance Renault-Nissan et l’empattement (2,74 m), le Rafale s’en éloigne avec une silhouette qui emprunte certains codes au coupé. Surbaissé de 30 mm par rapport à l’Espace, le pavillon chute vraiment au niveau des places arrière sans que la garde au toit des passagers en pâtisse. D’un avion, il a conservé l’esprit avec une poupe sculptée. Il y ajoute un épaulement marqué et, cela fait toute la différence en termes de statut, des voies élargies de 40 mm. Certains traits de style feront plaisir aux férus de design. La signature lumineuse sur les côtés du bouclier avant reprend les formes géométriques du losange imaginées par l’artiste Victor Vasarely en 1972. À la lumière, les plis de tôle des flancs dessinent aussi un losange.
Un toit en verre opacifiant
L’effet de surprise s’émousse à l’ouverture des portières. L’ambiance est certes de qualité mais le Rafale hérite du tableau de bord des dernières Renault qui repose sur deux dalles numériques en forme de L inversé. L’habillage graphique a été revu, en cohérence avec l’univers haut de gamme. Le système multimédia fonctionne toujours sous environnement Google, un vrai plus. Le positionnement haut de gamme du Rafale se vérifie par des détails de décor et de sellerie. Côté passager, la planche de bord est recouverte d’une feuille d’ardoise (finition Esprit Alpine) ou de liège teinté noir (finition Techno). Le Rafale confirme l’objectif de Renault de délaisser le cuir, au profit d’un tissu enduit recyclé mixé avec la suédine recyclée à hauteur de 61 % pour la version Alpine.
Cette finition facturée 4 000 euros de plus ajoute un volant à surpiqûres en suédine, un hayon motorisé et un accoudoir central arrière qui va ravir les geeks. Il est doté de deux prises USB et de deux supports déployables servant de stations d’accueil pour des smartphones ou des tablettes. Dans tous les cas, le toit en verre Solarbay, qui participe à la luminosité intérieure, est en option (1 500 €). Il reçoit la technologie du verre opacifiant développée par Saint-Gobain. On peut ainsi piloter soit par la voix via Google Assistant ou via par l’intermédiaire d’un bouton l’une des quatre positions du toit: entièrement transparent ou opaque, partie avant ou arrière transparente ou opaque et vice versa. Les familles apprécieront aussi l’espace arrière généreux et le volume de coffre de 627 litres.
Deux motorisations sont programmées: hybride 200 ch et hybride rechargeable 300 ch à quatre roues motrices fin 2024. La première reprend la technologie E-Tech largement répandue au sein du constructeur. Elle associe le 3-cylindres 1,2 litre de 130 ch à deux moteurs électriques de 50 et 25 kW. Ce dernier installé dans la boîte multimode sert au démarrage du moteur thermique. Une batterie de 2 kWh complète le système. Elle profite des phases de régénération pour se recharger à la vitesse de l’éclair et maximiser le roulage électrique en ville. Malgré le renfort des watts, la mécanique paie son déficit de cylindres par une onctuosité et un couple inférieurs aux hauts de gamme allemands. De son côté, la transmission avoue quelques lenteurs. Les prestations routières font oublier ces quelques désagréments. Chez
Renault, on sait encore se mettre à la place du conducteur. Un bouton de raccourci permet de désactiver les assistances à la conduite les plus agaçantes. Avec les quatre roues directrices de série sur la finition supérieure, le Rafale se transforme en avion de chasse de la route. Il avale les courbes à une vitesse presque supersonique. Vraiment sophistiqué, le système dispose de 13 positions réparties entre les modes Confort et Sport. On peut le laisser opérer automatiquement ou régler manuellement le cran souhaité. À partir du niveau 7, le conducteur profite d’une voiture de plus en plus directe et qui répond franchement à la moindre impulsion au volant. Dernier bon point, la consommation reste parfaitement maîtrisée. Sur un parcours varié, elle n’a jamais dépassé 6,6 l/100 km.
Notre avis
Un véhicule mû par un 3-cylindres, fût-il épaulé par l’électrique, peut-il se revendiquer du haut de gamme? C’est toute la question avec cet inattendu Rafale. Les technologies disponibles autant qu’une fiscalité de plus en plus confiscatoire ont décidé de ce réalisme à la française qui pourra détourner la frange la plus exigeante de la clientèle. Elle pourra attendre l’arrivée de la version hybride rechargeable de 300 ch et quatre roues motrices. Avec sa batterie de 20 kWh, elle revendique une consommation normalisée de 0,7 l/100 km et des émissions de CO2 de 15 g/km. Hybride ou hybride rechargeable, le Rafale dispose avec les quatre roues directrices d’un argument de poids au service de l’efficacité et du dynamisme de conduite.
Fiche technique
Moteurs: 3-cyl. essence turbo 1,2 l + 2 moteurs électriques
Puissance: 130 ch (200 ch cumulés)
Couple: 205 Nm
Transmission: Traction, boîte auto. multimode
Dimensions (L/l/h): 4 710 x 1 866 x 1 613 mm
Coffre: 627 litres
Poids: 1 660 kilos
Performances (0-100 km/h): 8,9 secondes
Vitesse: 180 km/h
Consommation Mixte UE: 4,7 l/100 km
Émissions CO2: 105 g/km
Prix: À partir de 45 000 €
* Le groupe Dassault est propriétaire du «Figaro».